Une heure quarante-cinq du matin. Après une bonne heure de cris et de souffrances, un silence régnait dans les différents couloirs de l’hôpital. Il n’était pas lourd ou oppressant. Au contraire, il était rassurant et soulageant. Après y avoir mis tout son cœur, Jenna Prescott, 16 ans, venait de donner la vie à une petite fille. Elle avait fait le choix de ne pas vouloir connaître le sexe de l'enfant à naître en l’avance, puisque de toute façon, ça ne l'intéressait absolument pas. On pouvait dire que le beau bébé avait été une surprise. Une seule fois, rien qu'une seule fois elle s'était dit que ce n'était pas si grave que ça, d'avoir eu des relations sexuelles sans protection. Et finalement, ça lui est retombé dessus. Bien sûr qu'elle aurait pu choisir d'avorter, mais il était hors de question pour la jeune adolescente de le faire. Elle pensait ne pas avoir le droit de retirer une vie sous prétexte qu'elle n'avait pas fait attention. C'est alors qu'elle a fait appel à un jeune couple qui n'arrivait pas à avoir des enfants : Abby Keagan et Jamie Keagan. Un couple que tout uni et qui s'aime depuis leur mariage. Ils se sont connus au lycée, et depuis, ils ne se sont pas quittés. Quel bonheur pour ce couple dans la femme est stérile, de découvrir qu'ils allaient pouvoir avoir un enfant. Ils voulais adoptaient cette petite fille, sans que personne ne soit au courant. C'était important pour Jamie qui était chef d'entreprise. Sa notoriété était bien trop importante pour lui. Ils simulèrent la grosses d'Abby pour ensuite porter la petite fille dans leur bras, comme si elle était la leur. Abby avait toujours voulu avec une petite fille, avec qui elle pourrait parler pendant des heures, afin de se confier longuement. Une petite fille à qui elle pourrait brosser les cheveux tout en écoutant son rire éclatant d’enfant innocent. Son rêve venait de se réaliser et elle n’aurait pas pu être plus heureuse que ce matin-là. On lui ramena l'enfant tout juste né. La petite fille serrait fortement le doigt que son nouveau père venait de lui tendre. Il avait les larmes aux yeux. Après tout, c’était son premier enfant, jamais il n’avait autant été fier. Il pensait également qu’il n’avait jamais été aussi heureux que ce matin. Il s’imaginait déjà lui apprendre à faire du vélo, faire des promenades en lui tenant la main, l’emmener à l’école pour la première fois etc… Après qu’on ait emmené l’enfant afin de lui administrer les premiers soins pour la ramener toute propre, les nouveaux parents remercièrent la jeune Jenna qui ne demanda qu'une seule chose « Prenez soin d'elle, et surtout, rendez-là heureuse ». La jeune Abby sourit de plus belle, répondant aux baisers de son bien aimé. Elle était persuadée qu’ils allaient avoir une très belle vie tous les trois, et que rien ni personne ne pourrait changer ça. « Jazzlyn, je voudrais qu'elle s'appelle Jazzlyn Autumn ».


Nous voilà quinze ans après la naissance de la jeune Jazzlyn. Si vous avez bien compris jusque-là, vous aurez compris qu’aujourd’hui c’est son quinzième anniversaire. Coiffée d’un énorme chignon préparé deux heures à l’avance pour sa petite fête d’anniversaire, la jeune fille descendit les escaliers de sa maison, habillée d’une magnifique robe rouge. Il faut dire qu’elle avait flashé sur cette robe depuis déjà deux semaines. Il ne lui fallut que peu de temps pour enfin l’avoir. Il fallait dire qu’il n’était pas question d’argent pour elle. Non pas qu’elle était superficielle et qu’elle jetait l’argent par les fenêtres, non au contraire, elle ne se vantait pas du fait qu’elle avait de l’argent. Après tout, ce n’était pas de sa faute si son père avait sa propre entreprise et qu’il gagnait très bien sa vie. Ce n’était pas non plus de sa faute si elle devenait automatiquement l’héritière de cette même entreprise si jamais il devait arriver quelque chose à son père. C’était l’ordre des choses, la vie disait-on pour les plus jaloux. Arborant un grand sourire, Jazz s’enfouit dans les bras de sa mère qui lui souhaita son anniversaire pour la énième fois. Mais la jeune fille se rendit rapidement compte que quelque chose n’allait pas. Sa mère la regarda tristement pendant un long moment, avant de lâcher un soupir et de lui annoncer une nouvelle qui n’allait pas l’enchanter. « Je suis désolée ma chérie, mais il ne pourra pas être là. Une affaire de dernière minute, tu le connais » C’est ainsi que Jazzlyn versa quelques larmes dans les bras de sa mère avant de faire bonne figure et d’accueillir ses amis qu’elle avait invité chez elle afin de fêter ses quinze ans. Bien qu’elle était heureuse, et que la tournure des choses lui convenait, il lui manquait quelque chose. Quelque chose qu’elle n’aurait pu remplacer par autre chose : son père. Sa situation financière lui permettait de faire énormément de choses, comme s’acheter ce dont elle avait envie, se voir attribuer des privilèges que certains n’ont pas. En contre parti, elle ne le voyait presque plus, puisqu’il devait se déplacer dans les quatre coins du monde afin de signer des contrats, de rencontrer de nouveaux clients ou encore de délocaliser. Elle savait qu’il aimait ce qu’il faisait, et qu’il avait sacrifié pas mal de choses pour en arriver là. Mais son père lui manquait terriblement, et il n’était pas présent pour son anniversaire, ce qui était très fréquent ces dernières années. Elle se sentait délaissée quelque part, comme si son travail était bien plus important que sa propre fille. Secouant la tête pour obliger ces mauvaises idées à s’évanouir dans son esprit, la jeune fille passa néanmoins une très bonne soirée auprès de ses amis et de sa famille, bien qu’elle n’est pas été complète ce soir-là. Elle se raccrocha au fait qu’elle allait commençait un nouveau chapitre de sa vie puisqu’elle allait entrer au lycée et que les caprices de petite fille gâtée devaient prendre fin ce soir.


Le téléphone venait de sonner. Jazzlyn s'était empressée de changer de pièce pour prendre son portable en main et répondre. C'était sa mère, qui appelait pour la énième fois de la semaine. Jazzlyn soupira un coup pour ensuite prendre des nouvelles de sa mère et donner des siennes ensuite. Jazzlyn s'était disputée avec son père, avant de quitter la maison familial et vivre seule, dans son propre appartement. Son absence devenait de plus en plus insupportable, et elle a eu le cran de tout lui dire un soir. Ce dernier qui venait de rentrer d'un voyage d'affaire, épuisé, avait passé ses nerfs sur sa fille. Comme ils sont tout les deux têtus, ils ne se sont pas parlés pendant deux semaines, avant que Jazz ne décide de s'en aller, pour prendre son indépendance. Trop fier pour s'excuser lui-même, et s’inquiétant pour sa fille, il envoie sa femme, Abby, prendre régulièrement des nouvelles de Jazzlyn et essayer de la convaincre de rentrer à la maison. Chose que Jazzlyn n'accepterait pour rien au monde. Elle avait déjà bien trop de choses à penser. Entre son départ brutal, ses études en médecines et les heures supplémentaires qu'elle faisait à l'hôpital afin de continuer son internat, elle n'avait pas le temps de penser en plus aux problèmes de famille, tout cela lui mettaient déjà beaucoup la pression. « Arrête s'il te plaît maman. Dis à papa que je ne répondrai plus à se téléphone tant que ce n'est pas lui qui m'appelle. Il était temps que je m'en aille, alors non, je ne reviendrai pas. Oui, maman, moi aussi ça m'attriste, mais que voulais-tu que je fasse d'autre ? D'accord, je t'appelle bientôt, je t'aime aussi » Raccrochant le téléphone, Jazzlyn pris place sur son canapé pour souffler un bon coup. Elle qui avait tant été proche de son père toutes ces années, ne comprenait toujours pas comment elle avait pu en arriver-là. Jazzlyn avait bien été trop compréhensible jusqu'ici. Elle avait accepté le fait d'apprendre qu'elle avait été adoptée, elle avait promis de ne jamais révéler cette information, pour leur réputation, mais là c'était trop. Elle tourna la tête pour vérifier l'heure, lâcha un "merde" tout en se levant, pris son sac et sa blouse en main avant de claquer la porte et de se diriger vers l'hôpital où elle était de nuit.