Je suis né à Londres, le 20 février, jour très pluvieux. Les médecins ont tout de suite remarqué que j'étais un garçon alors que ma mère leur avait dit que je serais assurément une petite fille. Elle avait même préparé le prénom : Sixtine. Malheureusement, mes parents tombèrent sur le cu si je puis dire en entendant la nouvelle. Non pas qu'ils étaient déçus mais ils n'avaient pas prévu de noms pour un garçon, c'est donc ainsi qu'il gardèrent Sixtine. Je n'ai jamais détesté mon prénom d'autant plus que j'adorais le chiffre 16 et que ce dernier m'avait porté chance tout au long de ma vie.

Mon enfance fut quelque peu banale. Ma famille était très riche et mon père possédait une entreprise de voiture bon marché. Je dois dire que je n'ai jamais été très proche avec mon père qui était quelque de froid et distant avec ses enfants. Si je devais qualifier mon enfance, je dirais que le mot solitude conviendrait le mieux n'ayant jamais eu de frères ou de sœurs. Je me demande même si l'annonce de mon sexe à ma naissance ne les avait dégoutté de la chose. Ceci est imagé mais en vérité mon père ne voulait qu'un seul enfant afin de ne pas devoir trop mettre d'argent pour ses études. Il souhaitait que je réussisse plus que tout et depuis petit, j'étais conditionné à une éducation très stricte, faite de cours du soir et d'activités sportives en tout genre. J'étais plutôt bon en cours mais moi, ce qui m'intéressait c'était les livres et écrire. Mon père n'a jamais compris cette passion et lorsque je lui demandai si je pouvais faire du théâtre, il m'envoya royalement sur les roses.

Nous n'étions d'accord sur rien c'était un fait : lui voulait que je fasse droit et moi je voulais faire des études de littérature. Un jour de juin à mes 22 ans, je décidai de plaquer mes études de droit que je n'avais jamais voulu faire et je m’enfuyais de ce monde étouffant qui n'était pas le mien. Je ne laissa aucun mot à mon père, seulement un pardon sur un post it pour ma mère en qui j'avais toute confiance, m'acheta un sac, quelques affaires de survie et m'en alla aussi loin que possible. Je brûla ma voiture et les 950 dollars qu'il me restait ; ils ne me serviraient à rien en Alaska.

Arrivé là-bas, j'ai très vite compris que la nature n'était pas le luxe incarné mais je me sentais bien et comme chez moi. Je comblais mes journées en observant des animaux, en les chassant et en relisant tous mes auteurs préférés. J'ai usé mes 120 stylos à bille et j'ai écris mon premier roman policier. Quand je l'eus fini, je le brûla, comme ma voiture sur un coup de tête. Ça peut paraître bizarre mais il y a des fois ou tout casser peut faire un bien fou, comme pour se prouver que rien n'a d'importance. Après 13 ans passé en Alaska, je me décida à revenir en terre civilisé, pensant que mon voyage intérieur était terminé. J'étais devenu un autre homme, plus proche de moi même et de la nature, dénigrant la société de consommation actuel. J'étais Sixtine, le mec que le monde ne comprenait pas.