Accoudé au bar, je réfléchis, mes doigts tapant contre la surface polie du comptoir en bois. Les clients ne sont pas encore arrivés, et j'en profite pour mettre mes idées en ordre. Le vacarme assourdissant de ma tête contraste avec le calme reposant de l'établissement de mes parents. Ils ne sont pas là, je suis seul au milieu de la pièce. Ils sont partis une heure avant environ pour remplir les stocks du bar restaurant, si j'ai bien compris il manquait plusieurs choses, et jamais ils ne se permettraient d'ouvrir l'enseigne si ils ne peuvent pas assurer tous les plats inscrits dans le menu. Ils m'ont donc laissé digérer l'information que mon père vient de me donner : Marlowe est en ville. Elle est de retour et est passée au bar pendant que je n'étais pas là, trouvant juste mon père qui s'occupait de gérer les commandes du jour. Il est cuisinier et propriétaire, tandis que ma mère s'occupe de toute la paperasse, puisque ancienne employée administrative. C'est donc lui qui m'a passé le message, alors que je venais voir si quelqu'un avait besoin d'un coup de main. La surprise a été grande, je ne m'attendais pas du tout à ça, pour le coup ça m'a laissé sans voix. La joie a vite remplacé la surprise que j'avais ressenti initialement. Tout de suite, je me suis dit que je devais aller la voir. Après tout, si elle est venue jusqu'ici, c'est pour qu'on renoue, non ? Cependant, quelque chose m'a empêché de faire ce que je voulais. Après tout, quatre ans, c'est long, et si elle a changé ? Assis là, je décide d'arrêter toutes ces réflexions inutiles, je veux savoir ce qu'elle devient et il n'y a qu'une manière de le découvrir. J'attrape mes clés, je laisse un mot à mes parents expliquant la situation, je demande à Clay, l'autre barman de me remplacer pour la soirée et je me dirige vers ma voiture garée un peu plus loin. Je sais où Marlowe habite. Du moins, où elle habitait, et j'espère qu'elle a repris son ancienne maison. Je m'arrête devant la propriété des Sun-Riley, et avant d'ouvrir ma portière, je recommence à hésiter, doutant de ma décision. Je décide de ne plus penser à rien et à pas rapides je me rends devant la porte d'entrée, appuyant sur la sonnette pour signaler ma présence. J'entends Marlowe crier à l'intérieur, et je souris, heureux d'entendre sa voix, même si à cet instant elle n'est pas vraiment des plus douces. La porte s'ouvre à la volée, laissant place à mon ex petite-amie, ma première en réalité. J'ai pourtant réfléchi à ce qu'allais lui dire, mais les mots ne veulent pas sortir, et je bredouille un peu, avant de réussir à parler clairement. «Coucou...Tu es radieuse.» Aïe, je ne sais pas si c'est la bonne chose à dire pour débuter la conversation. Avec un petit sourire plein de gentillesse, j'ajoute : «Je peux entrer ?» J'ai vraiment l'impression de faire tâche dans le décor avec mes mains dans les poches.