Shadow Ҩ Savannah

« En opposant la haine à la haine, on ne fait que la répandre, en surface comme en profondeur. »

Pour moi le surf c'est ma dose d'oxygène. C'est comme, vous savez, les filles qui font de l'équitation et qui adorent les chevaux, qui ne peuvent se passer d'en parler tout le temps et de passer tout leur temps au centre équestre, et bien moi c'était pareil. Enfin presque. J'adorai passer mon temps à la plage, dans l'eau, sur les vagues, avec pour seul compagnie ma planche, le bruit du vent et de la mer, et mes pensées. C'est jouissif à un point inimaginable. Aujourd'hui comme chaque dimanche, je profitais de mon jour de congé pour surfer, seul comme à mon habitude. Il faisait beau mais il y avait une petite brise qui permettait aux vagues de se former suffisamment pour pouvoir surfer dessus. C'était le temps idéal car il faisait chaud, et que cela me permettrait de bronzer un peu. A peine arrivé sur la plage, que je filais vers le large. Ma planche sous le bras, mes jambes en pleine forme, je courais vers la mer qui me tendait les bras. J'avais attendu ce moment toute la semaine. Sentir le vent dans mes oreilles, l'eau sur mes pieds puis sur mon torse. Je me mouillais la nuque légèrement, puis j'enfonçais dans la grande eau salée, nageant quelques dizaines de mètres, puis attendant une vague à surfer. C'était ça mon quotidien, ou plutôt mon hebdomadaire, depuis mon arrivée. Même si j'avais appris à surfer il y a de ça bien longtemps, je n'avais pas pu exercer pendant un bout de temps, je m'y remettais donc depuis l'année dernière, et ne faisais que progresser.

Voilà le moment que j'attendais tant, et oui celui de prendre la vague dans son sens et de monter sur ma planche à pieds joints, les bras écartés pour garder l'équilibre, en me laissant porter par l'impulsion de la vague qui se rabattait vers la plage. Les vagues n'étaient pas assez hautes et grandes car le vent n'était pas assez fort pour que je puisse passer en dessous, néanmoins ce matin je pouvais quand même m'entraîner avec les quelques petites vagues qui me poussaient jusqu'à la côte. Lorsque la première vague m'eus ramené à quelques mètres du sable, je m'allongeais sur la planche, dis demi-tour et repartis de plus belle vers le large, à la recherche d'une nouvelle vague. Au bout d'une demi-heure néanmoins je commençais à me lasser un peu de ce petit jeu, les vagues n'étant pas assez fortes c'était moins marrant et moins sportif. Je décidais donc de retourner sur la plage à la recherche d'un petite cale-faim. Je nageais jusqu'au sable en battant des bras de chaque côté de la planche sur laquelle j'étais allongé, puis me relevais lorsque j'atteignis la terre ferme. La planche sous le bras, j'ébouriffais ma chevelure mouillée, et secouait la tête comme font les chiens pour laisser mes cheveux se mettre en place naturellement. Puis je me dirigeais le long de la plage, cherchant un petit snack d'ouvert. Étant donné l'heure matinale qu'indiquait ma montre, je redoutais de ne rien trouver...

Sans me contrarier, j'avais en effet raison à propos des snacks ouverts. Je parcourus au moins un bon kilomètre avant de faire demi tour car je n'avais rien trouvé, puis d'arriver sur un contre haut qui surplombais un peu la mer et la plage. J'avais dû faire un petit détour pour me retrouver là, car j'ignorais par où j'avais bien pu passer. Sans doute avais-je contourné une baraque à frites et continué au derrière de la plage sur le sable bordant la route. Tout ça pour dire que je n'avais pas trouvé le moindre coupe-faim, que je sentais mon ventre gargouiller et grogner, et que ma planche se faisait un peu lourde. Après ce kilomètre à pieds en tongs, je sentais aussi mon dos me tirer un peu, mais ce n'était qu'un détail car je prêtais peu attention à la douleur physique lorsqu'elle survenait dans un pareil moment où la faim était plus importante que tout. Bin oui quoi, j'avais pas pris de petit déjeuner avant, car sinon cela ne m'aurait servit à rien et je n'aurai brûlé aucune calorie. Enfin bon, je penserai à emmener un sandwich ou une banane avec moi la prochaine fois. Revenons-en à nos moutons, lorsque je fus donc sur la petite hauteur de laquelle je pu admirer l'endroit où j'étais venu surfer quelque temps auparavant, je remarquai une silhouette féminine à quelques pas de moi. Ni une ni deux hésitations, je me ruais (façon de parler) sur elle, dans l'espoir qu'elle m'indique un endroit pour combler le vide de mon estomac. Je lui tapotais sur l'épaule avant de parler, histoire de ne pas trop l'effrayer :

"Salut, moi c'est Tobey (Putain quelle conne ) Shadow. Je ne voudrai pas te déranger mais je chercher un snack ou un bar, tu ne saurais pas où je pourrais en trouver un ?"

Ni une ni deux je remarquai l'appareil photo pro qu'elle tenait dans les mains, et j'admirai autant la jolie blonde que son appareil, j'adorai photographier tout et rien moi aussi, mais n'avais jamais investi autant d'argent pour ce genre de chose, étant donné que ça restait une passion et pas un métier. La jeune femme avait un charme fou et cela ne restait pas quelque chose que l'on ne remarque pas, elle avait un visage d'ange et des traits fins, elle était belle quoi. C'était une chose que je jugeais toujours lorsque je rencontrais une nouvelle personne, j'y peux rien, je suis un mec après tout.

Ni une ni deux elle se retourna au contact de ma main sur son épaule. Je la sentis sursauter légèrement, en même temps mon arrivée s'était fait discrète. Elle répondit s'appeler Savannah, un bien joli prénom pour une jolie fille, ses parents avaient drôlement bien choisi et bien travaillé ! Elle regarda ensuite l'heure sur sa montre avant de réfléchir et de me répondre qu'à une heure pareille il n'y avait pas grand chose d'ouvert, sauf peut-être dans une avenue derrière. Elle ajouta un "Tu vois où c'est ?", je faillis lui répondre, mais elle ne me laissa pas le temps de réfléchir qu'elle de frappait légèrement le front avec la main, comme les gens font lorsqu'ils disent une bêtise ou se trompent. Puis elle émit un petit rire léger et adorable avant de dire « J'ai rien dit, si tu attends une dizaine de minutes, le vendeur ambulant devrait passer en allant au parc pour vendre avec son snack, suffit de lui demander, il est adorable. » Elle devait bien connaître le coin pour connaître les habitudes des vendeurs de snack. Je lui souris pour la remercier, puis répondis enfin :

« Enchanté Savannah. Et merci beaucoup pour l'information c'est gentil. Tu connais bien le coin je parie ? Car même l'avenue que tu m'as indiqué je ne vois pas où elle se trouve. J'avoue je pas être encore habitué à vivre sur cette île. Tu as peut-être grandi ici même ? »

J'avoue que cela faisait beaucoup de paroles et de questions en une seule et même phrase, mais que voulez-vous, j'étais bavard et j'aimais apprendre à connaître les gens. De plus la jeune femme n'étais pas n'importe qui et de n'importe quelle beauté. Elle était photographe, et ravissante en plus de cela ! Glissant les yeux vers l'appareil photo qu'elle tenait toujours entre ses mains, je le pointais du doigt en affirmant puis demandant :

« Vous avez là un appareil de toute beauté. Quel modèle est-ce donc ? »

Oui je m'intéressais à la photo, et oui j'adorai les appareils de haute technologie, mais je m'intéressais à cet instant, tout autant à sa propriétaire.