When you opened up the door, what is it you thought you’d find?

Sky ferma les yeux un instant. Le souffle contre son torse était chaud et les cheveux qui lui tombaient sur l’épaule sentaient la pêche. Il avait les jambes enchevêtrées dans des draps lilas qui n’étaient pas les siens et qu’il quitterait assurément avant la matinée. L’inconnue à ses côtés resterait au creux de son anonymat et c’était mieux comme ça. Une couverture, une carapace, un bouclier, appelez ça comme vous le voulez. Il avait croisé son regard et il avait sût qu’il cherchait tous les deux la même chose. Rien de compliqué; du plaisir et basta. Il lui avait offert un verre, une bouffée de son joint et une putain de partie de jambe en l’air qui, de son côté du moins, en valait le coup. Le souffle qu’il écoutait ralentir lentement, tomba de plus en plus dans cet état de relaxation. Elle dormait d’un sommeil profond et le rouquin se permit d’ouvrir à nouveau les yeux et de l’observer. Elle était belle, mais elle n’était pas pour lui. Personne n’était pour lui, pensa-t’il en enfilant ses jeans et ses chaussettes sur le bord du lit.

Il quitta la chambre lilas armé de ses affaires et parcouru vite fait l’appartement. Il trouva ce qu’il cherchait et observa la bibliothèque de la jeune femme. Il attrapa un bouquin qu’il n’avait pas déjà et sourit en quittant l’appartement, fermant la porte derrière lui. Il n’était pas un voleur, mais il aimait bien ramener un souvenir de ses conquêtes. Certains auraient pu trouver ça imbus et d’autres stupides, il s’en foutait. S’il y avait une chose qui vous permettait de comprendre une personne, c’était sa bibliothèque et faire un tour dans celles de ses conquêtes lui permettaient de rencontrer les pensées de ces inconnus. Certains ne prenaient pas soin de leurs livres, d’autres ne lisaient que des machins à l’eau de rose et certains préféraient les grands classiques qu’ils annotaient à tout va. Il lisait chaque livre attentivement, même quand c’était un truc à des milliers de mètres de ce qui aurait pu l’intéresser. Il avait découvert tant de choses qu’en faire la liste ici aurait été impossible.

Skylar marcha jusqu’à sa maison. Il n’avait pas de voiture, il considérait que Straddie était trop petite pour qu’il se paie un de ces machins polluants. Étrangement, le rouquin avait l’environnement à cœur, même qu’il lui arrivait de faire l’effort de recycler. Bon, d’accord, vous avez vu le prix du pétrole ? Il n’avait pas d’argent à mettre là-dedans, c’était une véritable fortune et il avait déjà besoin d’argent pour payer ses mois de loyer et ses soirées. Il se mettait au sport pour économiser. Il devait être quatre heure du matin. Les rayons du soleil commençaient à naitre au loin, laissant leurs taches de lumière sur l’aube du ciel. Le silence qui l’entourait le fit rêver, alors qu’il amenait le dernier joint qu’il s’était roulé à ses lèvres. Il sourit, il aimait ses moments de solitude où le monde cessait d’exister. Il était seul et c’était tellement bon, tellement agréable. Personne pour le juger, personne pour l’emmerder, personne tout simplement. Juste lui. Et il pouvait faire ce qu’il voulait.

La marche, plus longue qu’il ne l’aurait souhaité, lui dégourdit bien les jambes. Juste assez pour qu’il ne les sente plus. Peut-être que le joint avait à jouer là-dedans et il était assez défoncé pour que ça devienne un sacré questionnement. Puis, il reconnut enfin son quartier et oublia toute cette histoire de jambes. Il continua de se trainer jusqu’au 210, où Alexander ne dormait probablement pas puisque ce mec avait oublié ce mot il y a longtemps. Il entra dans l’allée de la cours, son bouquin à la main, et remarqua une silhouette près de la porte. Il s’approcha et s’arrêta devant elle. « Euh, j’peux t’aider ? » marmonna-t’il en haussant un sourcil. Une clodo dans ce quartier ? pensa-t’il. Il l’observa de haut en bas, elle était bien en mauvais état. Dans le genre que la peau sur les os, elle battait des records. « T’attends Alexander ? T’as qu’à cogner, il dort jamais ce mec. » ajouta-t’il en haussant les épaules. Le rouquin n’attendit pas de réponse qu’il sortit ses clés de sa poche et ouvrit la porte, faisant signe à la jeune femme d’entrer. Pourquoi elle poiroterait devant leur maison si ce n’était pas pour ça ? N’empêche, Alex avait des goûts assez piteux, pensa Sky. Même si elle avait des beaux yeux, le reste faisait pitié.

When you opened up the door, what is it you thought you’d find?

Le rouquin avait un plan assez simple. Rentrer chez lui à pied et aller dormir pour le peu d’heures qu’il lui restait avant qu’il n’ait à se réveiller. Cette nana plantée devant sa maison qui flashait du reste du quartier n’était pas dans ses plans. Il n’était pas vraiment du genre à se préoccuper de ce genre de truc, mais elle le saoulait déjà et ça devait faire cinq minutes qu’il bavardait avec elle devant sa maison. Elle n’avait qu’à rentrer et faire ce qu’elle voulait faire, il n’en avait rien à foutre, il voulait seulement dormir. C’est probablement pour cette raison qu’il se contenta d’ouvrir la porte, alors qu’elle réfutait qu’elle n’était pas un clodo. Il se sentit obligé de la regarder de bas en haut à nouveau et un sourire lui échappa. Franchement, si elle n’était pas une sans-abri, elle ne devait pas être loin d’en être une. Elle n’avait que la peau sur les os, les restants de ce qui devait avoir été une jolie jeune femme, se dit-il. Et ses vêtements faisaient pitié, mais bon, qu’est-ce qu’il en avait à foutre de l’état de cette femme. Si elle n’était pas une clodo, tant mieux pour elle. Ça ne prit pas dix secondes qu’elle sembla s’hérissé comme un chat insulté et qu’elle lui répliqua aussitôt qu’elle voulait une coloc. Il éclata de rire. Avait-il bien entendu ? Cette nana avait les moyens de se payer quelque chose ? Il allait répondre. « D’ailleurs euhm… truc, tu fumes ? » Il se tourna vers elle et haussa un sourcil face au joint qu’elle était en train de rouler, alors qu’elle venait de l’interrompre. « Hum, parfois. Tu as l’intention de m’acheter avec ça ? » demanda-t’il en rigolant. Il ne disait pas non et prit malgré tout une bouffée du joint tout neuf qu’elle lui tendait. Son esprit embrouillé abandonna l’idée de comprendre comment il s’était retrouvé sur son paillasson à accepter le joint d’une parfaite inconnue en plein milieu de la nuit et il pénétra à l’intérieur de la maison. « Écoute, si tu veux être notre coloc, va falloir que tu paies, le reste j’en ai rien à foutre. J’peux te faire visiter la maison et il faudrait bien que tu rencontres Alex. » Il était trop tard pour se poser des questions et, de toute façon, ils avaient une chambre vide.

La musique à l’intérieur de la maison résonnait contre les murs et le fit soupirer. Toujours de la musique, même en pleins milieu de la nuit, pourquoi était-il même colocataire avec ce mec ? Plus les jours passaient, et moins il se posait la question pourtant. Il s’habituait à ses lubies et à l’odeur qui avait depuis un moment pris littéralement possession de chaque centimètre carré d’oxygène disponible entre ses murs. Il était mal placé pour s’en plaindre et, après un moment, on ne la sentait plus. Si ça continuait comme ça, il allait à nouveau devoir s’habituer à vivre avec une personne. Sky soupira à cette idée, il n’était décidemment pas sociable. Alexander s’approcha alors et Sky lui fit un salut de la main, alors qu’il se poussait pour laisser passer la jeune femme. « C’est ta meuf de la nuit ? » La question d’Alexander laissa Skylar un instant bouche-bée, alors que son regard croisa celui de la brunette. Il eut un petit rire à cette idée, mais étrangement il s’en sentit pas insulté. Il n’en avait plutôt rien à faire. Au moins, cette nana avait des jolis yeux et un véritable caractère, pas comme certaines de ses conquêtes. Il se tourna vers elle et lui fit un clin d’œil, alors qu’Alex était parti chercher visiblement quelque chose dans la cuisine. « Si jamais ça t’dit, moi ça m’dérange pas, j’aime bien les femmes qui ont du caractère. » lui murmura-t’il avec un sourire. Alexander retourna dans la pièce, mais cette fois avec des bières à la main que Sky accepta avec plaisir. « J’sais pas, à la base, elle est ici pour une coloc. » dit-il, après qu’Alexander se soit présenté.

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