Cool ma vie, j'veux bien un cookie !
Non j'préfère les kiwis en fait...
◊ Janvier 1990.
« File dans ta chambre Cece ! » Je regarde style "mais j'ai fait quoiiiiiiiii ?". Bah oui aujourd'hui j'ai pas coupé les cheveux d'un d'mes camarades. J'ai pas embêté la voisine. J'ai tout mangé mon assiette à l'école. Et j'me suis même pas fait mal sur le skate. Bon ok j'en ai fait alors qu'elle me l'avait formellement interdit, mais bon ça c'est chose courante avec moi. Alors bizarre quand même ! Mon père qui semble énervé me regarde même pas. Il pourrait me défendre des fois... Non tout ce qu'il trouve à redire c'est
« Son prénom c'est pas Cece, c'est Luana ! LUANA ! Le prénom de mon arrière grand-mère ! » "Ah ouais ? Mais on s'en fou papa..." que j'ai envie de lui dire. Pourquoi ça ? Parce que je vois bien sur les traits de ma mère que ça va pas. Oui j'ai cinq ans mais ma mère je la connais comme ma poche. Même mieux parce que des fois j'retrouve dans mes poches des choses que j'me rappelle même plus avoir mise. Avec ma mère, pas de surprise. Je la connais par cœur. Ne prenant pas la peine de répondre à l'attaque de mon père cependant elle s'approche et se mettant à mon niveau elle me souffle
« Va chez Lilo chérie et demande-lui si elle peut faire des colliers de fleurs avec toi, on les vendra sur le marché ce week-end toutes les deux. » Lilo c'est ma mamie mais on l'appelle Lilo. Un jour mam' elle m'a dit que c'était pas son prénom que c'était juste un surnom très affectif que tout le monde lui donne par ici. En tout cas ma Lilo, moi j'l'adore ! Alors même si je sais que ça va pas, que mounette elle va pas bien, ben c'est avec un large sourire sur les lèvres que j'quitte la maison pour aller chez Lilo et même qu'en chemin je cueille des fleurs chez la voisine. Juste pour l'embêter. Et si au pire elle va encore se plaindre à ma maman j'lui dirais qu'elle peut toujours venir nous acheter un collier de fleurs au marché !
◊ Juillet 1990.
« Et je dois prendre mon pika ? » J'lève la tête vers mam'. Quand est-ce que j'vais être aussi grande que mounette ? C'trop long de grandir !
« Oui chérie. » J'le mets donc dans le carton.
« Et mes crayons qui sent bons ? » J'relève la tête. J'commence à avoir mal au cou j'dois l'avouer !
« Sentent Cece. Et oui tu dois les prendre aussi. Tu dois tout prendre ma puce. » Mais tout c'est beaucoup. Moi j'aime pas ranger ma chambre alors mettre tout ça en carton j'aime encore moins ! C'est quand que j'vais retrouver mes jouets d'abord ?
« Mais pourquoi on laisse pas des trucs dans mon coffre mounette ? J'vais jouer à quoi moi ? » J'relève la tête attendant la réponse de mam' comme si c'était la parole de Dieu. Bon en même temps mon Dieu à cette époque c'est bien elle. Mam' pour moi c'est la plus belle, la plus gentille, celle qui sent le plus bon et aussi la plus forte. Wonderwoman à côté c'est du pipi d'chat ! Oui oui j'étais mounettiste. Donc dès que j'lui posais une question j'attendais la tête relevée vers elle, limite la bouche ouverte, prête à boire ses paroles. Cette expression elle prenait tout son sens quand on m'voyait façon. C'est ce que Lilo elle répétait toujours à mounette.
« Cece je te l'ai dit ce matin. On s'en va. On va à Straddie, tu sais la ville où j'ai grandit. » Ben bien sur que oui que j'le sais qu'est-ce qu'elle croit mounette ? En tout cas j'ai hâte d'y être, peut-être que comme ça j'deviendrais grande comme ma maman !
« Ben oui je sais mounette. Mais faut bien garder des jouets pour quand on reviendra, ça coute beaucoup des sous et moi j'aime bien jouer avec les jouets quand Lilo elle vient me garder à la maison. » J'vois bien sur le visage de ma mère qu'il y a quelque chose qui cloche. J'aime pas ça ! Encore moins que l'ananas !
« On ne reviendra pas chérie. Papa va vendre la maison. » Mais je l'aime bien moi notre maison !
« Ben il va vivre où alors ? Chez Lilo ? On peut laisser mes jouets là-bas mounette ! Lilo elle aime bien mes jouets. » Mouais j'le sens mal...
« Papa il va avoir une nouvelle maison. Avec une nouvelle femme chérie. C'est pour ça qu'on s'en va... » Qu...Quoi ? Je veux pas moi d'abord ! Du coup je fais la moue, renifle même si je pleure pas (encore) et cours vers chez Lilo, ma choupette au bras. Choupette c'est ma poupée préférée. Arrivant chez Lilo j'regarde par le truc vert qui sert pour pas que les moustiques ils rentrent et nous piquent et dans la maison de Lilo, je vois mon papa, la voisine sur ses genoux ! Les larmes brouillent ma vue. Je les frotte d'un revers de la main et pose donc ma Choupette dans le bac à jouets de la plage de Lilo. C'est un cadeau. Son cadeau. Puis je cours en direction de la maison, des larmes coulant cette fois franchement sur mes joues. En passant devant chez la voisine je rentre sur son terrain et prends Pumbaa la tortue. Bon ok c'est pas son nom normalement mais moi j'aime bien l'appeler comme ça. Pourquoi j'lui prends Pumbaa sinon ? Bah elle elle m'a bien pris mon papa et est-ce qu'on lui demande pourquoi elle l'a fait ? Ben non alors moi j'le dirais pas ! Après ça je la cache sous mon tee-shirt et avant de partir de piétine son par-terre de fleurs ! Et tiens vilaine sorcière voleuse de papa ! Tu pourras plus être belle comme ça et peut-être que comme ça tu achèteras des colliers de fleurs à ma Lilo ! Puis j'rentre à la maison et j'cache vite Pumbaa dans mon sac, ajoutant par la suite la salade que j'ai trouvé dans le frigo. Et plus de salade pour papa non plus ! Comme ça lui il sera plus fort !
◊ Mai 1993.
« T'as pensé à l'emmener chez le psy ? » ça c'est la mam' de mounette. Je l'avais jamais vu avant de venir à Straddie. Enfin mounette elle dit que si, quand j'étais toute petite comme une poupée. Mais moi je m'en souviens pas. Au début Granny je l'aimais pas trop. Enfin c'est surtout que j'voulais ma Lilo. Mais finalement je l'ai bien aimé. Enfin là, quand elle voulait encore que j'aille voir un docteur, je ne l'aimais pas encore. Mounette elle me regarde et moi j'fais comme si j'entends rien et j'vois rien et j'continue de jouer avec Pumbaa.
« J'ai essayé mais elle ne veut rien entendre. Elle dit qu'elle s'en fou. » Et c'est vrai, je m'en fou d'abord !
« De mon temps quand les parents pensaient que c'était bon pour leurs enfants ils le faisaient sans leur demander leur avis. » Greugnegneu !
« Oui et on a vu ce que ça a donné. A 17 ans j'suis partie sans te dire où j'allais et j'ai eu à 18 ans un enfant avec un gars que je connaissais depuis quelques mois à peine ! » Et toc ! La granny elle s'est tut du coup. Et pourtant faut y aller pour la faire terre ma grand-mère ! Pire que moi ! Après quelques minutes de silence elle lance
« Luana... » J'me retourne et approche pumbaa cachée sous mon tee-shirt. Pas que mounette sache toujours pas que je l'ai volé, elle le sait depuis l'heure après que je l'ai volé en fait. Seulement on sait jamais que Granny ça soit une sorcière. Moi je surveille Pumbaa, c'est mon bébé.
« Oui ? » Elle me fait signe de m'assoir et j'le fais. C'est rare que je fais ce qu'on me dit de faire mais bon même si j'ai déjà un sacré caractère pour une enfant de presque neuf ans, Granny elle me fait peur.
« Pourquoi ne veux-tu pas aller voir le docteur pour parler de ton papa ? » J'hausse les épaules. Pourquoi elle veut m'parler de ça elle ?
« Parce que j'ai plus de papa et que je m'en fou ! Façon j'aime pas les garçons ! C'est nul les garçons ! » que j'lui dis avant de courir dans ma chambre. En fait si y'a bien un garçon que j'aime bien, c'est mon copain Sid. Mais j'veux pas lui dire ! J'veux que personne le sache. Enfin bref. Une fois dans ma chambre je prends un papier, un stylo et écris sur cette feuille.
Papa je te déteste !
Je plis ensuite la feuille et la mets dans une enveloppe puis dans ma mallette. Je la glisse ensuite derrière mon armoire. Ça c'est fait...
◊ Octobre 1996.
« Allez Sidouille on va faire du surf. C'est cool le surf ! » Oui j'suis bien entrain d'essayer de motiver Sid pour qu'il aille faire du surf avec moi. Pourquoi ça ? Parce qu'il a le coeur brisé, Mona la fille dont il est amoureux depuis la maternelle a un copain. Pas cool !
« Non ! » J'tire sur ses draps et les jette par la fenêtre !
« Allez y'a pleins de belles filles qui surfent en plus. » j'lui jette son calbute pour qu'il aille se changer.
« Les filles c'est trop nul ! » Il se lève cependant pour aller s'habiller.
« Ah bah merci monsieur ! » Je l'entends rire. I'M WINNER !
« C'pas comme si les gars c'était mieux... » Il toussote.
« Ouais c'est bon sauf toi cornichon ! » Oui bon il a le coeur brisé, j'peux au moins lui dire un truc de gentil ! Une fois mon meilleur ami, parce que oui c'est ce qu'il est maintenant, je le tire jusqu'à la plage. En même temps je parle des gens de l'école, lançant de fausses rumeurs loufoques sur tous le gens qu'il n'aime pas. J'évite cependant le sujet tabou : Mona. Pas envie qu'il me fonde en larmes dans les bras, j'ai une réputation moi ! Arrivés sur la plage j'lui lance
« LE DERNIER A L'EAU C'EST UN CORNICHON POURRI QUI A ÉTÉ TREMPÉ DANS LE PICALILI DE MADAME MASONS ! » Et j'cours jusqu'à l'eau. Il me lance alors
« TRICKEUSE ! » Et je ris.
« Nan c'est toi t'as des trop grandes jambes ! » Et alors que j'arrive presque à l'eau j'me retourne pour voir il est. Et je l'aperçois au loin, il court plus. Mais pourquoi il court plus ? J'suis son regard... MONA. J'marche alors vers elle et une fois arrivée vers elle je shoot dans le sable et lui envoie tout dans la tronche.
« Oops pardon ! Comme quoi bronzer sur un siège n'empêche pas que le sable vienne s’incruster sur ta couche d'huile ! » Elle me regarde se demandant sans doute ce qu'elle a fait pour mériter tant de haine. Pauvre choupinette ! Si j'avais l'temps et pas un Sid a réconforter, j'verserais une larme pour elle !
« Allez Ciao Barbie ! Dis bonjour à ton Ken... » Puis j'me barre n'oubliant pas de donner de nouveau un coup de pied dans le sable pour l'en asperger une fois encore. BIEN FAIT GROGNASSE ! J'rejoins ensuite Sid et lui lance
« J'ai fais de t'ces pancakes t'imagines même pas ! Genre avec du Nutella c'est une pure tuerie crevette ! Allez go ! » Une fois chez moi je le pousse dans la piscine et lui dit
« T'es un cornichon pourri au Mason's Picalili qui est tombé dans l'eau, heureusement pour te réconforter j'ai de bonnes choses à te faire gouter ! » Il éclate de rire et me réponds
« Connasse ! » Je ris puis me jette dans la piscine pour tenter d'le noyer.
« Et en plus tu viens d'te faire noyer par une fille. T'as vraiment rien pour toi ! » Il me tire la langue faisant style qu'il boude.
« Mais tout n'est pas perdu j'suis là moi ! Et dans cinq ans tu seras le meilleur gars de l'île ! Toutes les nanas te courront après. » Il m'attrape et me noie à son tour, sans doute sa façon à lui d'me dire merci. Puis il sort de l'eau et me lance
« Y'en a une qui n'aura pas de chocopancakes! » J'sors alors vite vite de l'eau ! Quel shippeur celui là ! Il m'a pris pour qui ? Moi j'suis pas Dora on m'vole pas mes trucs et encore moins mon nutella !
◊ Juin 2001.
« Et pourquoi tu l'as largué ? » Pourquoi j'ai largué le gars avec qui j'étais depuis presque deux ans ? J'me laisse tomber sur son lit et maintenant que j'dois le dire à voix haute j'me rends compte que c'était peut-être pas la réaction à avoir finalement.
« Parce qu'il m'a demandé si j'étais prête à jouer à touche pipi ? » Il explose de rire et du coup j'lui jette un livre. Quel moqueur celui là !
« T'es vraiment pas croyable Nana. Tu sais j'pense que Klein est déjà bien gentil d'avoir autant attendu il était franchement temps qu'il t'en parle sinon t'aurais du te poser des questions sur sa sexualité crevette ! » J'hausse les épaules. Le pire c'est que je le sais. Et que je me sentais prête. Je voulais même lui en parler. Mais le fait qu'il m'en parle avant m'a fait paniquer, j'voudrais pas foirer ma première fois. J'la voudrais avec quelqu'un qui me brisera pas le coeur tout du moins.
« C'est quoi ton problème avec le sexe masculin ? » Je lève les yeux au ciel.
« J'ai aucun problème avec les hommes. » J'souffle alors un bon coup... J'sens la question piège. Réfléchis, réfléchis, pourquoi j'ai pas l'cerveau de Jimmy Neutron moi ? Bon sans sa tête bizarre parce que la honte sinon !
« Ah bon ? Et cite-moi un gars avec qui ça s'passe bien ? A qui tu fais confiance ! » Ah ben vue comment il l'a formulé, j'ai une réponse. Évidente. Et pendant qu'il se laisse tomber à mes côtés sur son lit j'lui annonce
« Bah toi ! » Le pire c'est que c'est vrai et quand j'y pense j'me rends compte que c'est l'seul. J'ai peut-être un problème en fin de compte. Sid reste silencieux un moment puis me lance
« Oui mais tu vas devoir t'ouvrir et t'offrir à un homme forcément un jour. » Pas faux... Et c'est clair qu'il va falloir que j'trouve un gars en qui j'ai autant confiance qu'en Sid. Et ça c'pas gagné ! Impossible même. Cependant j'peux pas perdre ma virginité avec mon meilleur ami. Oh ça non ! Quelle idée. J'vous jure des fois j'ai l'impression j'ai un problème avec mon cerveau, il me souffle des idées trop... bizarres !
◊ Aout 2002.
« T'es sûre ? » Un instant de réflexion... Est-ce que je suis certaine que j'suis prête à coucher avec mon meilleur ami ? Oh ça non ! Est-ce que je vais le faire ? Oh que oui. Et pourquoi ? Parce que j'pense que c'est la meilleure solution. Au moins je sais que j'aurais pas le coeur brisé et que ça se passera bien. Puis ce truc bizarre qu'il y entre nous genre est-ce que nous sommes QUE des amis, ben il disparaitra. Parce que moi j'veux le retrouver mon Sid, mon cornichon-crevette-picalili ! Du coup j'lui souffle
« Certaine. » avant d'attraper ses lèvres. On échange un doux baiser puis il devient plus langoureux. Mouais c'pas les montagnes russes mais Sid il s'en sort pas mal en fait ! J'comprends pas Mona, si c'était pas mon meilleur ami j'le garderais pour moi et rien que pour moi... Puis après ça les choses vont très vites, il me déshabille, j'essaie d'en faire de même mais j'dois avouer qu'à ça il s'en sort mieux que moi. Et après ça il glisse entre mes cuisses. Avant le moment fatidique du tire bouchon qui fait le bouchon justement, j'dois avouer que j'retiens mon souffle. Mais après une légère douleur tout va mieux. Il est tendre, doux, on a cette complicité qui facilite les choses. Bon bien entendu j'prends pas non plus grave mon pied, mais j'arrive à apprécier ça au bout de quelques minutes.
« Ça va ? » me souffle-t'-il en me mordillant l'oreille. Je souris puis souffle à mon tour
« Très bien... » puis alors qu'il donne un coup de rein plus franc entre mes jambes et qu'une sensation électrisante me prend j'ajoute même
« T'es même plutôt doué en fait... » Il rit légèrement puis reprend ses affaires. Dix ou quinze minutes plus tard nous avons terminé. Je suis essoufflée et un peu comme sur un petit nuage. Alors que Sid s'est laissé glisser à mes côtés je ris et lui avoue
« J'ai l'impression d'être shootée. » Il joint son rire au mieux et me dit
« T'es toujours shootée Nana mais c'est aussi parce que j'suis bon à ça ! » Je me racle la gorge mais ne conteste pas. Il est clair que j'aurais pas pu rêver mieux comme première fois. Finalement les idées de mon cerveau sont pas toujours si bizarres, moi j'vous l'dis !
◊ Septembre 2004.
Après ça on a essayé d'être un couple. Et ça marchait plutôt bien. On y croyait pas trop mais Sid et moi étant un couple-ami, c'était c'que j'avais vécut de plus fort jusqu'alors. J'lui faisais confiance, il me faisait confiance et c'était bien. Jusqu'au jour où... Bah oui qu'est-ce que vous croyez, il y a toujours un mai. Toujours le truc qui fait qu'on se rend compte que c'était trop beau, qu'il faut arrêter de rêver ! J'arrive chez lui parce que oui même si nous étions un couple, c'était pas au point de vivre ensemble. Enfin voilà, j'arrive chez lui et là il fuit mon regard. Direct je sais qu'il y a un truc qui cloche...
« Parle. » Il arque un sourcil style "de quoi tu parles" mais il comprend très vite que j'sens qu'il y a un truc et m'annonce la couleur.
« On m'a proposé de présenter mes peintures. » Je voudrais lui dire que j'suis contente et j'le pense d'ailleurs mais je sais que y'a quelque chose. Alors j'lui dis
« Pourquoi tu fais cette tête alors ? » J'sais pas pourquoi mais j'le sais déjà en fait.
« C'est en France. » Ah oui quand même.
« Combien de temps ? » Il fuit toujours mon regard
« Je ne sais pas justement et j'pense que tu mérites pas de devoir m'attendre Nana. Je t'aime trop pour ça. » Ah ben tiens ! Ca serait pas parce qu'il a peur de ne pas savoir résister aux jolies françaises ?
« Bonne chance alors, j'espère que ça marchera pour toi. » J'lui lance alors un sourire forcé, mais en fait j'ai envie de pleurer. Parce que bien plus qu'un amant, qu'un amour, je vais perdre un ami...
◊ Décembre 2005.
Je revenais de l'hôpital. L'état de mam' ne s'était pas vraiment améliorer. En même temps t'as pas trop d'espoir quand ta mère a un cancer généralisé. Et j'suis en colère ! En colère parce que j'suis la seule qui est là pour elle. Parce que normalement mon père devrait être là. Alors pour me changer les idées je décide d'aller faire un tour sur la plage. Je descends les escaliers qui mènent à celle-ci lorsque mon téléphone sonne, je baisse alors la tête pour le trouver
« Pouaaah la musique ! » que j'entends j'relève la tête j'aperçois un jeune homme une guitare à la main. Trouvant pas le téléphone et énervée par sa remarque j'm'empare de la guitare et commence à la claquer si fort sur le sol qu'elle éclate en morceaux. Je ne me rends pas compte de ce que j'dois avoir l'air, enfin pas durant ma furie. Parce que lorsque j'aperçois la tronche du proprio de... ce truc qui n'est plus que lambeaux, j'imagine bien.
« Mais ça va p... » Il est alors coupé par un sanglot que je n'arrive pas à retenir puis d'un coup je fonds en larmes.
« Je... je suis... je suis désolée...» Et de nouveau j'me mets à pleurer, me laissant tomber à terre. J'suis fatiguée. Fatiguée de me battre envers et contre tout. Fatiguée de voir ma mère dans cet état et de ne rien pouvoir faire. Fatiguée tout simplement. Le jeune homme s'approche et se demandant sans doute pourquoi j'suis dans cet état il me lance
« Relax beauté, si tu m'invites à boire un verre j'pourrais peut-être oublier que tu viens d'me casser une Ibanez de 85... » C'est quoi ça ? Une blague ? Le gars il me drague alors que j'viens de lui déchiqueter son instru et que j'ai l'air de la nana la plus pathétique de l'île... Malgré tout ça m'intrigue du coup j'le jette pas.
« Vous draguez souvent les filles... Comme ça ? » Il rigole et répond avec cet air désinvolte qui lui donne un certain charme.
« Oui. Enfin non. Juste les tarées briseuses de grattes. » Je frotte mes larmes d'un revers de main alors que je souris. C'était pas gagné pourtant et quelques part je lui en suis reconnaissante, j'aime pas pleurer, j'aime pas être si faible. Je me relève alors et lui tend ma carte de journaliste et lui dit
« Tenez ma carte, je ne m'y connais pas en... gratte. » dis-je alors, les guillemets pour le citer s'entendant presque. Faut dire que la musique et moi on est pas trop copains. Tout ce que j'y connais en musique moi, c'est ce que j'ai pu lire dans les articles des mes collègues ou modèles journalistiques.
« Une fois un égal trouvé, envoyez moi la facture et je vous enverrais un chèque. » Il hausse les épaules et alors que j'm'apprête à partir il me lance
« Et pour mon verre ? » Je m'arrête, me demandant de quoi il parle puis lorsque je comprends, je lui réponds
« Vue que ce... petit accident, va me couter, je le sens ; je vous laisserais me payer un verre. » avant de lui lancer un grand sourire puis de partir.
◊ Avril 2006.
Lovée dans ses bras je grogne.
« Hmmm pas envie d'y aller. » Oui c'est de plus en plus fréquent en ce moment, le matin quand je me lève il m'arrive de n'avoir qu'une seule envie : rester au lit avec lui. On ne vit pas ensemble alors une fois c'est chez lui, une fois c'est chez moi. Et ça nous convient parfaitement comme ça. ENCOURS
◊ Juillet 2007.
en cours, amour.
◊ Février 2008.
en cours, départ.
◊ Mars 2010.
en cours, découverte interviews.
◊ Janvier 2011.
Assise sur mon tabouret je sirote mon verre alors que je flirte avec un homme. Un touriste. Pour ça que j'aime bien les touristes, on peut flirter sans avoir peur de les recroiser par la suite et à chaque coin de rue.
« Et sinon tu viens d'où ? » En fait j'm'en fou. Tout ce qui m'interesse c'est ses beaux yeux et son joli petit cul. Cependant j'suis polie comme nana. J'sais bien qu'il ne sera qu'un casse-croute après une longue journée de travail, mais j'voudrais pas que le gars me prend pour une salope. J'suis loin de l'autre, de temps en temps je couche juste avec des hommes pour me détendre. L'amour et les relations ça me réussit pas, mais pas pour autant que j'vais m'faire none. La boite de pandore va pas prendre la poussière parce que tous les hommes que j'ai un jour aimé m'ont quitté.
« Milan. » La classe. Assez loin pour que ce voyage soit exceptionnel. Après plusieurs verres il m'emmène donc dans sa chambre d'hôtel et nous passons un bon moment entre adultes. Après ça il se propose même gentiment de me raccompagner chez moi, comme c'est mignon. Je refuse cependant mais accepte qu'il descende avec moi pour qu'on boit un dernier verre. La première fois qu'on me fait ce coup là, j'suis presque flattée. Presque. Puis d'un coup j'entends une de ces voix que je reconnaitrais entre milles.
« Luana... » Sid. Je le sais. J'ai mon coeur qui bat à mille à l'heure et lorsque je me retourne et que ça se confirme j'ai l'impression que je vais faire un malaise.
« Qu'est ce que tu fais là ? Tu vas bien ? » J'sais pas quoi répondre. Alors je mens.
« Je passe un peu de temps avec mon fiancé. » Trop gros. Cependant pour essayer de crédibiliser cet énorme mensonge j'attrape le bras du jeune homme qui passe de gentil coup d'un soir à petit ami parfait. Mais j'avais oublié que Sid me connaissait par coeur.
« Dans un hôtel ? » Il rit alors et j'peux m'empêcher de grogner. Le pauvre gars toujours accroché à mon bras se joint à lui. J'le lâche alors, hausse les épaules et lui dit
« Désolée tu peux y aller. » J'prends ensuite mon sac et lance
« J'prenais juste du bon temps avec un bel homme ! » et je m'apprête à partir lorsqu'il me lance d'un ton un peu trop désapprobateur à mon gout
« Et depuis quand ? » Quel culot !
« Depuis que tous les hommes que j'aime me quittent. Au moins avec ce genre de gars le but c'est qu'ils me quittent et vite. » J'me défais de son emprise et court presque pour partir. J'me sens pas bien. Revoir Sid c'est pas ce dont j'avais besoin, il vient de gâcher ma soirée qui était entrain de tellement bien s'achever pourtant...
« NANA ! » qu'il crie alors Sid avant de me rejoindre en courant. J'continue d'avancer malgré tout...
« Je... Je suis désolé. » Alors là, c'en est trop !
« Désolé de quoi Sid ? De m'avoir abandonné ? De ne pas avoir été là quand ma mère est décédée ? De ne pas avoir donné de tes nouvelles peut-être ? A moins que ce soit parce que tu reviens aujourd'hui tel une fleur et te permet en plus de me juger parce que j'ai essayé d'avancer au point de me faire briser le coeur une ultime fois ? Tu sais Sid j'ai tourné la page aujourd'hui, je m'en fou que tu sois parti ! Comme je m'en fou que mon père soit parti avec la voisine ! Et comme je m'en fou que l'homme que j'aimais soit parti pour chanter des chansons de merde et se taper des groopies en chaleur ! Je m'en fou. Tu m'entends ? JE M'EN FOU ! De toi, de mon père, de lui! DE VOUS ! » Je cours alors les larmes coulant sur mes joues comme le jour où j'ai aperçu la sorcière sur les genoux de mon père et que j'ai compris qu'en plus d'abandonner ma mère il m'avait abandonné. Un abandon qui n'a été que le premier de trop nombreux autres.
◊ Janvier 2012.
en cours, vie et compagnie.
◊ Mai 2013.
J'étais entrain de rassembler les trop nombreux papiers que je devais amener aujourd'hui au bureau. C'est ça de bosser même chez-soi... Enfin voilà, je m'empare de la dernière page qui traîne sur ma table de séjour lorsque je l'entends descendre les escaliers en furie.
« Il est revenu ! » De quoi qu'il me parle celui-la encore ?
« Qui ? Ton cerveau ? J'savais même pas qu'un jour t'en avais eu un mais c'est bon à savoir ! » Je rigole alors. J'suis méchante moi ? Mais non !
« Ahah ! Très drôle... » Je me tourne et m'apprête à partir, n'attendant même pas qu'il me dise de qui il parle, je suis en retard. Y'en a qui ont un VRAI job.
« AJ. Artur... J'ai entendu ça à la radio ce matin nana... » Et là toutes les feuilles quittent mes mains et je reste durant quelques secondes statique. ET MERDE ! Pourquoi ? Il est parti. Pourquoi revenir ? Puis me rendant compte que j'suis pathétique et essayant de me convaincre que je m'en fou, que ça changera rien à ma vie j'me baisse pour ramasser ma paperasse. Silencieuse comme une morte. Et ça c'est rare, moi j'vous l'dis !
« Ça va ? » Je laisse échapper un long soupir et lui dit
« Très bien. Pourquoi ça n'irait pas ? Je n'ai rien à lui dire, lui non plus vue qu'il n'a jamais appelé alors ma vie restera la même. Rien ne changera. Rien. Rien du tout. Là je vais travailler... » Je me redresse puis ouvre la porte et marque une pose. Et si j'le croisais dans la rue ? Mais non, pourquoi j'le croiserais ? Franchement...
« Je vais pas rester enfermée chez moi merde ! » « Quoi ? » « Nan rien, bonne journée. » Et j'quitte finalement mon chez-moi. Je ne vais pas le voir, je n'aurais pas à lui parler. On s'en fou de AJ. Il n'existe plus, plus dans mon monde en tout cas. Enfin arrivée au bureau je jette un coup d'oeil aux quelques articles proposés par les journalistes que j'dois donc approuver et corriger.
NOS ROCKEURS PRÉFÉRÉS SONT DE RETOUR.
Et juste en dessous de ce titre qui fait saigner mon coeur une photo de celui qui m'a lâchement abandonné il y a maintenant près de cinq ans. Je tape du pieds et lâche un long râle. JE M'EN FOU, j'ai dis que je m'en fou et je m'en fou. Le papier voltige alors par terre
« Besoin d'une journée je suis malade. Demande à Dexter de s'occuper des sorties de demain s'il-te-plait Lina. » Elle répond un
« Oui madame... » que j'entends de loin étant donné que j'attends déjà l’ascenseur, prête à partir loin d'ici, loin de toutes discussions sur lui. Une fois rentrée chez moi la première chose que me dit Sid c'est
« Déjà rentrée ? Tu l'as vu ? » je pose mes affaires puis plaque contre le mur celui qui est redevenu avec difficulté mon meilleur ami.
« Tais-toi Sid. » Je lui offre alors un langoureux baiser tandis que mes mains se chargent de lui enlever les tissus en trop pour faire ce dont j'ai besoin de faire pour enfin me changer les idées, pour oublier, juste un instant au moins...