Y a des soirs comme ça où tu te demandes vraiment pourquoi ? Pourquoi t’es là ? Pourquoi t’as fait ça ? Pourquoi t’as décidé de venir ici ? T’avais déjà passé toute la journée à bosser pour faire plaisir à ta patronne qui n’arrêtes pas de te pomper l’air, alors pourquoi tu fais ça ? En plus c’est pas comme si t’étais vraiment fan de nature, toi ce que t’aimes c’est les natures mortes, celles que tu vois à la télé, celle que tu fais cuire ou celle que tu lis.

Bref, de toute façon c’est pas comme si tu pouvais faire demi-tour et ça se trouve ça n’allait pas être aussi mauvais que tu le penses, ça se trouve tu vas te faire de nouveaux amis et apprendre à connaître des personnes que tu ne vois que de vue comme ça.

Quoi qu’il en soit t’as tout prévu pour ce soir et même que t’arrives au camping dans les premiers arrivants, au moins comme ça tu pourras avoir une bonne place pour installer ta tente, le problème maintenant c’est de la monter. En plus de pas avoir la main très verte et de pas avoir le sens de la nature, t’es pas foutu de monter une tente convenablement et pour couronner le tout, t’as trop d’orgueil pour demander de l’aide, bref, t’es mal barré.

Des gens commencent à arriver au compte goutte et entre deux jurons à cause de la tente que tu sais pas comment placer, t’essaies de voir si tu connais pas des gens et pour l’instant, les visages ne te disent rien et c’est mieux comme ça, t’auras pas à dire bonjour et personne ne se moquera de toi à cause de ta tente.

Quand tu tournes la tête, tu vois que le gosse qui a décidé de s’installer à côté de toi avec ses parents est tout fier d’avoir fini sa tente et te fait bien savoir qu’à côté de lui t’es rien. Il met ses mains sur ses hanches et comme une œuvre d’art, il essaie de voir si il l’a bien posé. Toi t’as une qu’une seule envie, c’est de le frapper ou de le pousser dans les buissons pour qu’il aille dire bonjour aux fougères, mais tu peux pas, ça se fait pas puis ses parents sont à côté quoi.

« J’espère qu’un ours te bouffera toi… »

Tu soupires et tu regardes à tes pieds et en fait, mis à part foutre le bordel dans tes affaires, t’as pas avancé du tout, en espérant qu’il ne pleuve pas, ou alors pas avant que t’ais pu monter ta tente à temps.

J’avais préféré quitter l’appartement et le laisser seul espérant qu’il allait comprendre cette réaction qui était très censé. Je me baladais dans les rues laissant mon regard flirter avec les vitrines des magasins qui était encore ouvert et à en croire certaines affiche aujourd’hui étais un jour spécial. D’un coup des questions vinrent se déposer dans mon esprit, pourtant j’étais persuadé qu’il n’y avait pas de date spéciale durant ce voyage. J’étais à présent intrigué par tout ça. Je continuais cependant ma route continuant à observer chaque vitrine qui jonchait mon chemin.

Je finis par céder à la tentation en entrant dans l’un des magasins. J’eus un léger sourire en voyant un enfant s’attarder sur une peluche, forcément je m’en rappelais de mes journées de vacance à flâner avec mes parents. Je ne pouvais pas me plaindre avec mes parents, j’avais toujours eu une vie plus qu’appréciable comparé à d’autre parents ils étaient là malgré leur carrière assez imposante. La peluche que l’enfant tenait dans ses bras ressemblait à l’une de celle que j’avais eue à des vacances partagées avec mes parents à Disneyland. D’un coup quelques remords débarquèrent pour me chagriner, je m’en voulais d’avoir laissé mon père seul à l’appartement, mais je ne pouvais plus reculer à présent, je ne pouvais pas lui donner gain de cause. Je lâchais ce petit du regard laissant mes souvenirs s’envoler en un petit sourire avant de rejoindre le vendeur et de lui poser un tas de question sur ce qui se passait réellement ce soir.

Une bonne trentaine de minute après avoir commencé à parler à ce vendeur je finis par sortir du magasin les mains pleine, quoi que. Je n’avais qu’une tente dans ces dernières. Je n’allais pas rentrer ce soir, histoire de laisser du temps à mon père et à moi de se comprendre. Je me dirigeais vers la plage pour participer à cette fête qui mettait à l’honneur le soleil. Jamais j’avais entendu d’une telle chose, en même temps fêter le soleil chez moi était sans doute impossible vu le peu de soleil auquel on avait droit. Je pouvais déjà entendre la musique qui émanait de l’endroit où se déroulait la fête. Je regardais au loin voyant de nombreuse lumière, j’étais à quelque pas de la plage et j’eus le plaisir de découvrir que l’immense plage s’était transformé en un géant camping remplie de tente, j’allais devoir trouver un endroit où m’imposer avec ma tente.

Je venais de m’installer, j’étais sur le sol essayant de lire la notice de ma tente, moi un scout ? Non, je ne crois pas. J’allais galérer pour la monter, mais l’ambiance allait me faire oublier cela.

Dire que Alexane était de mauvaise humeur était d'un doux euphémisme. Lucie était malade à cause de ses dents qui poussaient et elle, elle se retrouvait obligée d'aller à la fête sur la plage. Son tout petit bébé faisait de la fièvre, avait mal aux gencives et avait en plus une otite et elle, elle "s'amusait". C'était un comble quand même ! Mais elle avait, il y a quelques jours, accepté d'aller à la fête avec Ivy, pour lui présenter, lui montrer vu qu'elle, connaissait déjà mais elle n'avait pas prévu que sa fille ferait une violente poussée dentaire juste cette semaine là ! Et elle n'avait pas pu annuler la soirée avec Ivy, qui lui avait sorti des grandes phrases du genre "Mais tu sais Alex, toi aussi tu as le droit de t'amuser !" ou encore des "Allez, t'es jeune laisse ta poupée à la baby-sitter moi je connais pas tu peux pas m'abandonner comme ça !" et le pire c'est qu'au fond, Ivy n'avait pas tord. Depuis presque deux ans maintenant, Alexane ne s'amusait plus comme avant. Elle sortait rarement, rentrait plus tôt. Et elle n'avait que vingt-six ans. Ivy avait raison. Elle aussi elle devait s'amuser. Du moins elle aurait dû s'amuser comme d'autre "jeunes" de son âge mais depuis qu'elle était devenue maman, la jeune Stryder n'arrivait plus à être comme avant. Elle s'inquiétait toujours pour Lucie, paniquait trop vite, la couvait beaucoup trop. C'était comme ça. Avec l'enfance et l'adolescence désastreuse qu'elle avait vécu entre les familles d'accueils, les orphelinats et les services sociaux, elle avait une peur bleue qu'on lui enlève sa fille. Sans parler de toute cette histoire avec Andrea, le père de Lucie, et puis son frère qui lui manquait aussi. Lucie grandit sans ça aussi. Sans papa, sans tonton, sans frère ni soeur. Ca rendait Alexane triste mais elle n'y pouvait pas grand chose. Elle savait déjà qu'elle ne pourrait jamais aimer un autre homme qu'Andrea quand bien même elle aurait voulu un papa pour Lucie. Mais elle refusait de vivre avec un homme qu'elle n'aimait pas. Même pour sa fille. Lucie devra se contenter d'elle.

Ce soir donc, Alexane avait passé un bikini noir sous une légère robe blanche, relevé légèrement ses cheveux avec une pince et mit ses espadrilles blanches aussi avec un papillon en perles multicolores cousu sur le dessus. Puis elle s'était dirigée vers Lucie et l'avait serré fort dans ses bras, l'avait embrassé, chouchouté jusqu'à ce que Ivy ne l'a lui enlève des bras pour la donner à la baby-sitter et la tirer dehors. Mais depuis, Alexane n'avait pas réussit à se dérider. Elle était tellement inquiète pour son petit bouchon qu'elle n'arrivait pas à se détendre et n'avait pas lâché un seul mot de tout le trajet. Après avoir aidé Ivy à monter la tente, elle posa son sac et sorti une veste pour tout à l'heure. Et elle ne parlait toujours pas, enfermée dans son inquiétude et dans son mutisme. Finalement, Ivy craqua la première et l'engueula un bon coup. Alexane baissa les yeux comme une enfant prise en faute. - Tu as raison, je suis vraiment désolée Iv' ... je n'ai juste pas l'habitude de laisser Lucie et comme elle est malade en plus .. avoua t-elle d'une petite voix. Elle remit une mèche blonde et rebelle derrière son oreille et fit un sourire à son amie. - Je suis désolée ... je te promets que je vais être de bonne humeur maintenant ! En plus c'est une super soirée en général la fête du soleil !! Viens on va faire un tour sur la plage tu veux ? proposa la jeune professeur en lui tendant la main, plus souriante.